Sucy, points d’Histoire - lettre N°10 - janvier 2020

Lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie [ http://www.shas.fr ]


La famille Halévy  (3/3):

Dans nos lettres mensuelles de novembre et de décembre, nous vous avons présenté Ludovic Halévy, auteur des livrets de Carmen  et des opéras-bouffe d’Offenbach, puis son fils aîné, Elie, professeur à l’Institut d’Etudes politiques et historien de l’Angleterre et du socialisme. Il nous revient aujourd’hui de vous présenter Daniel Halévy, fils cadet de Ludovic et de Louise Bréguet, né à Paris en décembre 1872.

3-Daniel Halévy :


Daniel et Elie enfants



Daniel Halévy vers 1885

 

Daniel, élevé dans le protestantisme, fait ses études secondaires au lycée Condorcet où il se lie d’amitié avec son condisciple, Marcel Proust. Il fait ensuite des études d’arabe à l’Ecole des Langues orientales. Avec son père et son frère, il s’engage en 1898 dans la défense de l’innocence de Dreyfus, en recueillant les signatures pour la pétition des intellectuels. Une photo le représente sur le seuil de Haute-Maison en train de lire le numéro de l’Aurore où était publié l’éditorial de Zola « J’accuse ». Il s'engage dans un mouvement d'éducation populaire en participant à la création de la Société des Universités populaires (mars 1899). En novembre 1898, il épouse Marianne Vaudoyer, fille d’un célèbre architecte.




Daniel Halévy, en 1902


            

Très lié avec Charles Péguy, il collabore avec celui-ci dans les Cahiers de la Quinzaine entre 1903 et 1910 et consacre à son ami un essai « Charles Péguy et les Cahiers de la Quinzaine » (1918). Influencé dans sa jeunesse par la lecture des œuvres de Nietzsche, il publie en 1909 un livre « La vie de Friedrich Nietzsche » qui fait connaître en France le philosophe allemand et a un grand retentissement. Il passe la guerre de 1914 comme interprète pour les forces alliées. En 1921 l’éditeur Bernard Grasset l’appelle à diriger une nouvelle collection Les Cahiers verts qui contribue à lancer nombre de jeunes écrivains dans l’Entre-Deux-Guerres. Essayiste et historien, Daniel Halévy publie dans les « Cahiers de la Quinzaine » un essai « Apologie pour notre passé » où il analyse le siècle qui a suivi la Révolution française de 1789. Celle-ci a fondé une tradition républicaine et un ordre nouveau, revivifiés par les révolutions de 1830 et de 1848. Il ouvre un salon, quai de l’Horloge, dans la maison qui reste aujourd’hui encore l’habitation de ses descendants (famille Joxe) et qui devient un lieu de rencontre entre des hommes de lettres de générations et de sensibilités politiques différentes.

Il entreprend de nombreux voyages en France et en Europe, qui alimentent sa réflexion sur la société de son temps et se fait le défenseur d'une Europe intellectuelle et cosmopolite qu'il voit disparaître (Courrier de Paris, 1932, et Courrier d'Europe, 1933).

De l’engagement à gauche de sa jeunesse, Daniel Halévy évolue progressivement vers une vision pessimiste et conservatrice de la société, qui le mène à critiquer la République parlementaire (Décadence de la liberté, 1931) et à observer avec nostalgie la disparition de la civilisation rurale (Visite aux paysans du Centre, 1921 et 1934). Ses deux œuvres historiques majeures sont sans aucun doute ses deux essais sur les débuts de la IIIe République, La fin des notables (1930) et La République des ducs (1937), où il analyse l’histoire des débuts du régime républicain et critique très nettement le parlementarisme, tout en se tenant à l’écart de Maurras et de ses disciples. La défaite de 1939 l’amène à écrire un nouvel essai  Trois épreuves: 1814, 1871, 1940 (1941), où il prend nettement parti pour le régime de Vichy. Cette évolution personnelle lui vaudra la disgrâce après 1944, malgré son élection à l’Académie des Sciences morales et politiques.

Daniel Halévy meurt à Paris le 4 février 1962


Notes d’un cahier de Daniel Halévy

 

Bibliographie : Sébastien LAURENT, Daniel Halévy, du libéralisme au traditionalisme, Paris, éd. Grasset, 2001 (préface de Serge Berstein).

 

Une publication de la SHAS sur le baron d'Holbach:

La Société historique de Sucy vient de publier un fascicule sur le baron d’Holbach, prince des philosophes, hôte de Grand-Val dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Au prix de 5 euros, il est disponible en le demandant à l’adresse e-mail balard@univ-paris1.fr

 

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