Sucy, points d’Histoire
N°29 - décembre 2021
Marc
Giraud poursuit ce mois-ci son étude sur l'état de notre commune en
1911, en décrivant la vie des métiers, leur localisation dans Sucy, et
les noms de ceux qui les exercent. On mesure, comment, à la veille de
la Grande Guerre, la ville s'apprête à passer d'un village rural et
artisanal à une ville de banlieue où naît la vie industrielle. Sucy en 1911, seconde partie : les métiers
Le recensement de 1911 nous informe sur le métier exercé par
chacun. Cette information permet de mieux comprendre la société sucycienne,
entre tradition agricole, construction et nouvelles activités liées à la
liaison ferroviaire avec la capitale. Les données recueillies portent sur la profession et le cas
échéant sur le patron du recensé. Cela permet tout d’abord une analyse du taux
d’emploi par sexe et tranche d’âge. Ensuite un regroupement permet d’étudier
la répartition par secteur d’activité et même de trouver les principaux employeurs. L’analyse des origines, des âges et des lieux d’habitation
des Sucyciens de 1911 nous avait permis d’affirmer que Sucy avait déjà des
caractéristiques d’une ville de banlieue. L’étude des métiers va nous permettre
de confirmer cette affirmation et, sans surprise, de constater que la ville est
en plein chantier : les métiers du bâtiment sont le premier secteur
d’activité. Les fermes sont néanmoins encore nombreuses à Sucy, une
carte nous permet de les localiser, beaucoup ont aujourd’hui été totalement
rasées. Grâce à l’exploitation de l’Annuaire de Sucy en Brie
de 1913 (collection B. Méa), publié par la toute récente Union des Commerçants,
Entrepreneurs et Industriels de Sucy-en-Brie (fondée en 1912), il a été
possible d’établir deux cartes localisant les principaux commerces dans les
rues du bourg ancien et dans celles du quartier de la gare. Ces cartes
permettent de mieux imaginer la vie au début du XXe siècle dans la
commune.
Le taux d’emploi
Avant toute analyse, il convient d’être conscient des
limites de l’information concernant les professions et plus encore les patrons,
dans un recensement. L’information est déclarative, les patrons ne sont pas
toujours précisés. Les très nombreuses femmes qui se déclarent « sans
profession » ne sont certainement pas inactives ! Celles qui gardent
des enfants comme nourrices ne le déclarent pas comme profession, pas plus que
celles, probablement nombreuses, qui participent au travail déclaré par leur
époux. Par ailleurs, les personnes les plus âgées continuent de
déclarer une profession sans qu’il soit possible de savoir ceux ou celles qui
l’exercent encore réellement.
Pourcentage de personnes déclarant une profession Hommes comme femmes les Sucyciens travaillent ordinairement
à partir de 15 ans. Leur taux d’emploi reste important au-delà de 60 ans ;
il n’y a pas d’âge de départ en retraite à l’époque ! Peut-on parler de
« plein emploi » ? Les taux pour la population masculine laissent
à penser que c’est le cas, cela ne préjuge évidemment pas des revenus de ces
emplois et du niveau de vie des habitants. Les secteurs d’activité
Pour analyser les secteurs d’activité il est nécessaire
d’étudier séparément les hommes et les femmes car nous constatons, sans
surprise, que leurs métiers sont très différents. Il faudra attendre la Grande
guerre pour que les femmes exercent en nombre les activités que la société
réservait aux hommes. La répartition en secteurs d’activité retenue ne reprend que
partiellement celle utilisée aujourd’hui par l’INSEE pour mettre en évidence
les grandes tendances. Les activités des hommes
Répartition
des 577 hommes déclarant une profession Le secteur agriculture / élevage occupait en 1872 (d’après
le recensement de cette année-là) 282 hommes soit 77% de ceux déclarant une
profession. En quarante ans l’activité agricole a chuté, la ville s’est
transformée très rapidement. En 1911 deux réalités s’imposent :
La Compagnie de l’Est est la propriétaire de la ligne de
chemin de fer allant de la gare de la Bastille à Brie-Comte-Robert et
s’arrêtant à Sucy. La plupart de ses employés habitant Sucy travaillent dans
d’autre communes. Les activités des femmes
Le regroupement par secteur en est le reflet.
Très peu de femmes déclarent un employeur, le Petit-Val est
le principal.
Petit-Val
Etabli en 1890 par les
sœurs marianistes, Petit-Val est le lieu de résidence de 39 personnes et
accueille 55 pensionnaires. Majoritairement féminine, sa population y exerce les métiers
suivants :
Où sont les fermes en 1911 ?Aux fermes figurant sur cette carte il convient d’ajouter la nourricerie Montagut, rue de Bonneuil. Où sont installés les commerces ?
Le bourg ancien Tous les commerces ne sont pas sur cette carte car pour
certains l’adresse précise est inconnue, il faut ajouter : ·
Rue du Moutier o
Platel – Bijoutier o
Salinier – Boucher o
Cabarat – Maréchal ferrant ·
Rue du Temple o
Bontemps – Marchand de vins ·
Rue de la Porte o
Gidoin – Boulanger Le quartier de la Gare Il faut remarquer la grande stabilité de ces
commerces : hôtel, café, pharmacie sont encore présents aujourd’hui au
même endroit. Il convient d’ajouter à ceux figurant sur la carte : ·
Place de la Gare o
Damiens – Boulanger En conclusion
Le bourg agricole entouré de grands domaines que nous
trouvons encore sur le cadastre napoléonien, s’est déjà fortement
transformé : ·
Les habitants sont originaires de toute la
France ·
Les domaines commencent à se lotir, le bâtiment
est le premier secteur d’activité ·
De nombreux habitants sont des employés
travaillant ailleurs, dépassant en nombre ceux du secteur agricole En 1911 Sucy est déjà devenue une ville de banlieue. Pour comparer : Sucy le plan local d'urbanisme de 2011 (cent ans après)
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Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (SHAS) : Marc Giraud - SHAS 03/12/2021 Responsable
de la publication : Michel Balard, président de l’association balard@univ- Webmaster : jeanmarc.stoeffler@gmail.com ou info@shas.fr |