LES SERVICES PUBLICS

 

 

 

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out cet argent servait à faire vivre la ville. Il finançait notamment la véritable entreprise publique qu'était devenue cette mairie d'une cité importante. 524 personnes dont 447 permanentes, soit une pour un peu plus de 47 Sucyciens, exerçaient une cinquantaine de métiers sous l'autorité d'un directeur général. Les plus voyants étaient les agents des Services techniques. Il y en avait 140 pour réparer les bâtiments, entretenir et nettoyer 90 kilomètres de voies, faire disparaître les graffitis avec la nouvelle « détagueuse », veiller sur les 110 hectares d'espaces verts, les 1000 m2 de massifs floraux et les 3 000 arbres alignés sur 9 kilomètres de voirie verte[1].

 

 

Les moyens de sécurité

 

Encore plus voyants, des agents de la Police municipale en uniforme renforçaient la sécurité[2]. Jusqu'alors, ils n'avaient pas été très nombreux. La création de ce service en 1987 avait été critiquée. Ils étaient maintenant seize agents — dont un directeur, deux adjoints et deux « emplois jeunes » — en mesure d'assurer sous l'autorité du maire une véritable police de proximité. Leur l'existence avait été longtemps contestée, en fait et même en droit, par le ministère de l’Intérieur. Votée après plus de vingt ans de discussions oiseuses, une loi du 15 avril 1999 venait de concéder à tous ces policiers municipaux un certain nombre de prérogatives leur permettant de mieux exercer leurs nécessaires fonctions.

 

Il y avait pourtant à Sucy une gendarmerie et un commissariat de police. Mais les gendarmes, hommes ou femmes, logeant rue Jean Moulin, n'avaient pas de responsabilité territoriale en matière de sécurité publique. Dépendant de la compagnie de Boissy-Saint-Léger, ils étaient seulement 7 et n'intervenaient qu'incidemment. Il était même question depuis plusieurs années de les regrouper ailleurs.

 

Le Commissariat de la police nationale installé trente ans auparavant à l’angle de la rue Georges-Pompidou et de la rue de la Cité Verte, disposait d'effectifs quand même plus étoffés. Placés sous le commandement d’un jeune commissaire, ils étaient à peu près 150, tous grades et toutes fonctions confondues. Il faut cependant savoir que le secteur sur lequel ils étaient compétents s'étendait, depuis Sucy jusqu'à Périgny, sur huit communes. C'était la plus vaste circonscription de police du département[3]. Cela les rendait comptables de la sécurité d'une population de 80 000 habitants. Le maire de Sucy, pas plus que ses collègues des autres villes, n'avait d'autorité directe sur eux. Leurs activités étaient dirigées par le préfet. Les instructions et les ordres passaient par le canal d'un directeur départemental de la police installé à Créteil.

Dans ces conditions, la présence policière se faisait à Sucy, comme partout ailleurs, fort discrète. Mais il est vrai que ce commissariat de sécurité publique ne se trouvait pas isolé. Il n’était que l’élément local d’une organisation départementale relativement étoffée. En cas de besoin, des réserves ou des services spécialisés étaient censés se trouver en mesure d’intervenir rapidement sur une urgence, ou susceptibles de renforcer épisodiquement la surveillance locale. À toute heure du jour de la nuit, les personnes lésées par des comportements délictueux trouvaient sur place à qui se plaindre. Elles étaient reçues, mais les suites demeuraient aléatoires. Ici comme ailleurs et faute de mieux, l'accent était mis sur la prévention. On aurait eu plutôt tendance à s'en tenir à des conseils : « La sécurité c'est l'affaire de tous - Ne restez pas isolés - Équipez vos portes - Protégez vos fenêtres - Soyez particulièrement vigilants - Ne tentez pas les voleurs - Identifiez de vos visiteurs - etc. [4]. Au début du siècle précédent, le garde champêtre en disait plutôt moins et avec plus de résultats. Était-ce, en cette fin de millénaire, suffisant à Sucy ?

 

 

Les vicissitudes du plan local de sécurité

 

Le maire ne s'en déclarait pas totalement convaincu. Il avait fait en sorte que sa commune fût l'une des quatre premières à mettre en place un contrat local de sécurité la liant à l'État et à ses services. Lors de la signature de ce document, le 3 juillet 1997, en présence du préfet, du procureur et du recteur, il avait affirmé que si Sucy n'était « ni une paisible bourgade comme le laisseraient penser les statistiques, ni naturellement une banlieue violente [...] elle a évolué et n'est plus tout à fait ce qu'elle était[5]». Lors de la traditionnelle cérémonie des voeux, le 23 janvier 1999 à la salle des fêtes, il insistait encore : « À Sucy on nous a toujours dit que cela n'allait pas mal. Or l'évolution de la criminalité et de la délinquance semble avoir été beaucoup plus rapide à Sucy que la moyenne départementale [...] les vols avec violences ont doublé d'une année sur l'autre ». Dans les mêmes circonstances, le 20 janvier 2000, il s'estimait en droit de renouveler cette mise en garde.

 

Cela était-il irrémédiable ? Le maire affectait un optimisme mesuré. Il avait déclaré vouloir s'en remettre au contrat local de sécurité de 1997 dont le but était justement de s'inscrire dans une politique d'ouverture de la ville à la jeunesse. Ne suffisait-il pas de susciter « une convivialité, une solidarité, une confiance » et de faire vivre « une citoyenneté communale [...] qui sera le meilleur garant de la sécurité et de la qualité de vie pour l'ensemble des habitants »[6] ! Au fond, il comptait sur une activité accrue, mais intelligente et cohérente aussi, de la police nationale. Savait-il qu’au même moment le conseil régional de l'Île-de-France envisageait de financer à Boissy-Saint-Léger la construction d'un local de police, moins excentré et bien mieux placé, pour surveiller et protéger le grand ensemble de la Haie Griselle ? Le ministère de l'Intérieur projetait donc d'y transférer le commissariat de Sucy !

Le 8 mars 1999, le conseil municipal cette fois unanime, considérant que cela aboutirait à « un véritable désastre » avait demandé au contraire que ce poste de police fût détaché de celui de Boissy. Ce qui aurait pu avoir comme avantage de réduire proportionnellement le périmètre de surveillance ... mais aussi les effectifs. Compte tenu de la situation dans d'autres communes du Val-de-Marne et de la politique gouvernementale à cette époque, il apparaissait peu probable que le départ du commissariat de Sucy pût être encore longtemps éludé.

 

 

Les pompiers n’ont pas quitté Sucy

 

Les pompiers aussi avaient failli déserter la commune. Ils n'ont quitté que la cour de la Recette dans laquelle ils s’étaient installés « provisoirement » au moment de la création du nouveau département du Val-de-Marne. Trente-quatre ans durant, ils n'avaient cessé de s'en plaindre. Ce furent hélas les données de la démographie qui apportèrent la solution. En août 2000, l'adjudant et les 32 hommes du centre de secours de Sucy prenaient officiellement possession de l'école des Mésanges, désaffectée par suite de sa fusion avec l'école du Plateau.

 

 

 

 

À partir de cette nouvelle caserne, située sur la route de Noiseau et parfaitement adaptée à leurs besoins, les sapeurs-pompiers de Paris continuaient à assurer leurs missions ordinaires sur le territoire de Sucy, mais aussi sur ceux de Boissy-Saint-Léger, Noiseau, Ormesson, la Queue-en-Brie, au rythme moyen de huit sorties journalières. Plus du tiers de celles-ci concernaient Sucy. Mais si la lutte contre le fléau du feu demeurait l'activité essentielle des pompiers, celle-ci ne représentait qu'une moyenne de cinq sorties par semaine. Depuis que la préfecture de police de Paris, dont ils dépendaient, leur avait transféré quinze ans auparavant certaines des missions de secours, les interventions concernaient principalement l'assistance aux  personnes victimes de blessures ou d'intoxication, souffrant de malaises, ou s’étant abandonnées au désespoir. Répondant ainsi à de nombreux appels de détresse, leur rôle était devenu plus social sans avoir pour autant perdu de son efficacité[7].

 



[1] AM, Sucy info, n° 165, juin 1996, page 22 ; n° 178, avril 1999, page 10 ; n° 181 ; octobre 1999, page 14.

[2] AM, Sucy info, n° 1189, avril 2001,page 18.

[3] AM, Sucy Info, n° 158, mars 1995.

[4] Imprimés et dépliants remis par la police au public.

[5] AM, Sucy Info, n° 174, juin 1998, page 3.

[6]AM, Sucy Info, n° 177 de, février 1999. 

[7] AM, Sucy Info, n° 176 , décembre 1998 ; n° 181, octobre 1999 ; n° 187, septembre/octobre 2000.