Sucy, points d’Histoire

     Lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie - www.shas.fr

     N°20 - janvier 2021

 

Cher adhérent, cher lecteur,

La lettre mensuelle de la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie, que vous recevez, est la vingtième que nous publions. Cette initiative a commencé en février 2019 et s’est poursuivie très régulièrement, chaque début de mois. C’est une façon de maintenir le contact avec nos adhérents et nos amis et de leur faire découvrir une part de l’histoire de Sucy, particulièrement en ce temps de pandémie où les réunions associatives sont provisoirement suspendues. Il nous importe donc d’assurer une présence auprès de vous et de vous adresser des vœux très cordiaux pour une année 2021 plus sereine, plus heureuse et plus fructueuse que celle qui s’achève dans la grisaille des confinements et des couvre-feux.

Nous souhaiterions aussi faire appel à votre aide pour que l’activité de la Société historique se poursuive, malgré la crise ambiante. Si vous le pouvez, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir envoyer votre adhésion (vingt euros par an) à notre trésorier, Michel PRÉVOT, 12 rue de Brie, 94370 Sucy-en-Brie. Ce geste nous permettrait de bien préparer notre exposition de septembre 2021 qui portera sur le thème « Sucy et la nature », de mettre en œuvre notre enquête sur les maisons de Sucy, en vue d’un prochain ouvrage, et de publier le scénario illustré du film que nous avons tourné en 1990, à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution, « Par-dessus la cocarde », devenu introuvable
(*). Je vous en remercie à l’avance.
Nous avons par ailleurs programmé notre Assemblée générale annuelle le mercredi 26 janvier à la Maison des Associations (Clos de Pacy). Nous ignorons à ce jour si les conditions sanitaires rendront possible cette réunion. Vous serez en tout cas prévenus à l’avance.


J’espère que vous prendrez plaisir à lire ci-dessous l’histoire d’un épisode criminel qui s’est déroulé à Sucy au XVIIe siècle, celle de Pierre Le Loup :



Un corbeau à Sucy (1672)

Un document exceptionnel du 25 avril 1672, un monitoire obligeant sous peine d’excommunication toute personne ayant connaissance d’une affaire judiciaire en cours à venir la révéler à un prêtre, divulgue le témoignage de soixante-douze déposants sur les agissements et les actes diffamatoires par lesquels Pierre Le Loup, maître-jardinier du château de Montaleau, a ruiné leur honneur et la réputation de leurs femmes.

L'ancienne prevôté de Sucy était située ici,
à l'angle de la rue du Moutier et la rue de Brévannes

où a été emprisonné Pierre Le Loup

Coureur de jupons, mais amoureux déçu de la femme du cordonnier, la Brossarde, qui s’accoquine avec sept autres amants, Pierre Le Loup s’en va la nuit soulever quelques tuiles des toits pour espionner les gens du village et révéler les secrets intimes des familles. Par ses propos perfides et des placards diffamatoires, il proclame, que sur cent quarante-cinq feux (environ six cents âmes), il y aurait plus de cent cinquante putains à Sucy, « un lieu abominable qui n’était que bordel », assure-t-il. Il étale au grand jour tous les adultères du village. Quant à lui, quelques cotillons en cadeau ou quelque sou font chavirer des mères de famille, au bord de la misère. Les servantes de la présidente Amelot, propriétaire du château Montaleau, contraintes et forcées, succombent à ses charmes, dont il se vante, transformant en spectacle ses mauvaises actions. Les villageois tremblent, tout en étant avides d’histoires croustillantes.

Vingt-deux chefs de famille se décident à rassembler leur courage pour dénoncer ces infamies auprès du prévôt d’abord, puis pour réclamer la publication d’un monitoire. Ils ne sont pas déçus par les révélations. Engrossées par Pierre Le Loup, certaines victimes succombent à des drogues abortives mal dosées que celui-ci leur a procurées. D’autres viennent accoucher dans un appentis ou une étable et ne sauvent provisoirement la vie de leur enfant que grâce à la générosité de leur maîtresse qui le place en nourrice. La femme du jardinier doit avouer l’infanticide qu’elle a commis, à l’instigation de son mari, en allant enfouir le nouveau-né dans le fumier. Il y a dans ce monitoire des révélations horribles sur une sexualité débridée, alliée à de la magie, de la sorcellerie, des empoisonnements et des assassinats.

Pierre Le Loup ne manque aucune occasion de s’emparer de tout ce qui lui tombe sous la main, les hardes de ses maîtresses, les volailles des jardins bourgeois, les arbustes des châteaux voisins. Mais surtout il est accusé d’avoir, par la médisance et la diffamation, provoqué le scandale au village, en portant à la connaissance de tous les adultères et les tares des villageois. Une mission qui eut lieu à Sucy en avril 1672 aurait incité les vingt-deux chefs de famille à se débarrasser de l’infâme et à purifier leurs mœurs, en réclamant une procédure aussi inhabituelle que le monitoire.

Qu’en advint-il ? L’on sait que Pierre Le Loup fut emprisonné à la prévôté de Sucy, pour y être interrogé. Mais ensuite il disparaît de l’histoire. Rien dans les archives du Chapitre de Notre-Dame de Paris ou dans celle du Châtelet, où il a comparu, ne permet de savoir s’il y eut un jugement rendu. En dehors de la violence que nous révèle le monitoire, ce document nous donne à voir les hommes et les femmes du village dans leur cadre de vie, plongés dans une misère physique et morale, bien éloignée des fastes de la cour de Louis XIV.


Le grand Chatelet à Paris

Pour un récit détaillé, voir Michel et Françoise BALARD, Nouvelle Histoire de Sucy-en-Brie, tome 1, 2010, p. 295-305.

(*) le film « Par-dessus la cocarde » sur nos écrans !

Ce film a été tourné en 1990 en super 8 mm, puis transféré sur K7 puis sur DVD puis sur Internet (YouTube). Il dure 80 minutes.

La qualité technique n'est donc pas excellente mais le film est très attachant car il permet de voir de nombreux Sucyciens à l’œuvre, de redécouvrir la ville de Sucy 30 ans en arrière et de prendre connaissance des doléances (déjà) de la population du vilage en 1789.

·        Début du film (20mn)

·        2ème partie (20 mn)

·        3ème partie (20 mn)

·        fin (18mn)


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Pour adhérer à la Société Historique et Archéologique de Sucy-en-Brie (SHAS) :
Cotisation annuelle de 20 euros, chèque libellé à l’ordre de la S.H.A.S à envoyer à Michel Prévot, notre trésorier.
Adresse : 12 rue de Brie, 94370 Sucy-en-Brie
Téléphone : 
06 83 18 19 77
e-mail : france.prevot@orange.fr

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11/01/2021 - Responsable de la publication : Michel Balard, président de l’association balard@univ-paris1.fr.

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