La SHAS a longuement évoqué le 150ème
anniversaire de la guerre de 1870-1871, à l'occasion de son exposition
à l'Orangerie en septembre 2020: bataille de Champigny, transfert à
Paris d'une grande partie de la population de Sucy, monuments
commémoratifs de la guerre. Aujourd'hui nous vous proposons de nous
intéresser au destin d'un de nos concitoyens, Charles Harivel, dont le
nom est inscrit sur le monument aux morts de notre ville.
Le monument aux morts de Sucy porte le nom de Charles Harivel au titre
des morts de la guerre de 1870 – 1871. De son côté, le registre d’état
civil de Sucy pour 1873 mentionne la retranscription de l’acte de décès
le 16 février 1871 de Charles Harivel, âgé de 21 ans, « soldat du 44ème
Régiment d’Infanterie, décédé à l’ambulance établie à la maison commune
d’Esprels » près de Villersexel (Haute-Saône). Charles Harivel était né
et domicilié à Sucy, fils de cultivateur.
Quand, le 15 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse et à
ses alliés, personne n’imagine la rapidité des événements qui vont
suivre : les défaites en Alsace et en Lorraine, l’encerclement de
l’armée de Bazaine à Metz, la défaite de celle de Mac-Mahon à Sedan et
finalement la capitulation de Napoléon III. Le 4 septembre la 3ème
République est acclamée, née d’un soulèvement de Parisiens patriotes
qui réclament la « guerre à outrance ». La France rurale (75% de la
population), plus conservatrice, se rallie dans sa majorité à ce
mouvement patriotique.
Mais la situation est tragique : la France n’a plus que 70 000 soldats
d’active pour affronter 500 000 Allemands. Une armée de réserve avait
été créée en 1868, mais n’avait jamais été rassemblée et sa
mobilisation est lente. Le 14 octobre le gouvernement décrète la
mobilisation des célibataires et veufs sans enfant de 20 à 40 ans. Avec
cette armée improvisée la jeune République va affronter pendant cinq
mois une armée allemande aguerrie, disciplinée et bien équipée.
De septembre à décembre 1870 toutes les tentatives de sorties des
Parisiens encerclés depuis le 19 septembre échouent. Les armées levées
en province mènent des combats dans le nord et sur la Loire, mais ne
parviennent pas à briser le siège de Paris. Début décembre, la
situation est critique : les Parisiens ont perdu la bataille de
Champigny, l’armée de la Loire de Chanzy recule vers l’ouest, et celle
de Bourbaki vers Bourges et Nevers.
Gambetta met son ultime espoir dans une nouvelle armée de l’Est pour
contourner les forces allemandes, couper leurs communications et
débloquer Belfort. Cette armée de plus de 100 000 hommes commandée par
Bourbaki prend la direction de Besançon le 20 décembre, mais le
transport des soldats est lent. Les Allemands ont tout le temps de se
préparer. L’armée allemande de Von Werder se concentre entre
Villersexel et Héricourt, en avant de Belfort, et une nouvelle armée
allemande de secours est créée, confiée à Von Manteuffel. Une course de
vitesse est engagée.
Le premier choc contre l’armée de Von Werder a lieu le 9 janvier à
Villersexel. Des combats acharnés et violents durent toute la journée
et la nuit suivante. Von Werder doit se replier. Pour les Français,
c’est un brillant début de campagne. Mais Bourbaki ne profite pas de
son avantage. Von Werder concentre 50 000 soldats sur la rive gauche de
la Lizaine sur une ligne de 19 kms. Du 15 au 17 janvier les Français
attaquent mais ne parviennent pas à percer.
Le 17 janvier Bourbaki apprend l’approche de l’armée allemande de Von
Manteuffel. S’estimant incapable de combattre sur deux fronts il décide
la retraite vers Besançon. Il espère une couverture à l’ouest de la
part de l’armée de Garibaldi basée dans la région de Dijon. Mais
Garibaldi demeure passif jusqu’au 21 janvier. Il est trop tard, Von
Manteuffel est passé avec 80 000 hommes. Bloqué au nord et à l’ouest
Bourbaki est repoussé vers Pontarlier. Les Français tentent de percer
au sud à travers le Jura dans des conditions épouvantables, mais sont
obligés de passer en Suisse le 1er février. Seuls 10 000 soldats
parviennent à rejoindre Lyon. 90 000 seront internés pendant six
semaines en Suisse.
C’est ainsi que s’achèvent la campagne à l’est et la résistance de la
France. Un armistice avait été signé le 28 janvier. Mais le chancelier
Bismarck avait exclu l’armée de l’Est du cessez-le-feu, pour mettre la
pression sur le gouvernement français.
Soldat au 44ème Régiment d’Infanterie, Charles Harivel participe à la
bataille de Villersexel du 9 janvier 1871. Blessé, il est soigné à
Esprels où il décède le 16 février. Son régiment participe aux combats
sur la Lizaine et s’illustre dans la défense des hautes vallées du Jura.